Le monde étrange d'Aloys Alzheimer
Mars 2023-Mars 2025. Deux ans que le diagnostic a été posé. Deux ans pour apprendre, comprendre, adapter, modifier, anticiper...
Je ne sais pas si toutes les décisions que j'ai prises pendant ces deux années ont été les bonnes. Surtout celle qui nous a amenés à changer complétement de région, à vendre la maison... Je ne sais toujours pas.
Partir d'un point où je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Pour arriver aujourd'hui à tenter de vivre "avec", à essayer de faire "au mieux".
Tenter de concilier ce qui peut-être est inconciliable. Protéger JM, l'accompagner sur ce chemin semé d'embûches. L'accompagner, tout en lui laissant de l'air pour vivre, pour faire ce qu'il peut encore faire. Protéger nos enfants, en essayant de préparer l'avenir. Ne pas leur laisser une montagne de démarches à accomplir, et de donc de paperasses à remplir, pour le jour où... Nous rapprocher de notre fille et de nos petites filles. C'est un bonheur. Mais nous éloigner irrémédiablement de nos fils et de nos petits fils. L'impression de les avoir abandonnés. C'est douloureux. Et penser à moi, à ma santé, à mes loisirs... Ma grande chance, c'est d'avoir une passion que je peux mener à bien sans sortir de la maison, sans m'absenter... M'enfermer de temps en temps dans ma bulle, celle où je prends mon oxygène.
Tenter, essayer... Toujours, encore et encore...
Il y a au moins une chose dont je suis certaine : le deuxième déménagement, celui qui nous a fait quitter la campagne pour arriver "à la ville", était une très bonne décision. Décision qui est venue parce que je savais qu'il fallait que nous nous rapprochions des lieux de soins, concentrés en ville.
42 ans de vie à la campagne, la vraie. Celle où il n'y a rien autour, celle qui oblige à prendre la voiture pour chaque course, chaque rendez-vous. Celle où les voisins les plus proches, ou presque, sont des vaches. Puis 9 mois dans un bourg totalement endormi, où là aussi rien ne pouvait se faire sans prendre la voiture.
Pour arriver en ville. Une ville avec tous ces inconvénients : la circulation, le bruit, les odeurs...
Mais aller au marché, à la pharmacie, à la boulangerie, chez le coiffeur, au cinéma, à la boucherie, chez le médecin, à la banque, et même chez MacDo... à pieds, sans prendre la voiture !
Une (re)découverte inattendue, mais vraiment appréciée. Appréciée par moi, mais aussi par JM. Aller chercher le pain, ou autre chose, devient une aventure agréable. Surtout maintenant que je connais mieux la ville, y aller en prenant des chemins détournés - en passant par le parc et le long de la rivière - devient une vraie promenade.
La maison n'est pas top, la vue depuis la maison n'est pas top, mais son emplacement nous convient parfaitement. Je me souviens qu'avant même d'avoir vu la maison, le quartier, la proximité du parc, nous avaient emballés. Et la promenade du jeudi pour aller au marché devient sacrée. Tristes figures s'il peut le jeudi matin !
Les jours passent. Nous attendons le printemps. J'espère que nous pourrons faire quelques excusions en voiture.
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