Le monde étrange d'Aloys Alzheimer
STOP ! Je ferme les yeux, je respire profondément. C'est vrai que j'ai expliqué au moins dix fois à JM que le site ne fonctionne pas. C'est vrai que je lui ai expliqué au moins dix fois comment contourner le problème.
Mais il est inutile de m'énerver. Cela ne sert à rien. Demain ou dans quelques jours, il retournera sur ce site, à nouveau il s'énervera parce qu'il n'arrive pas à accéder à ce qu'il veut. A nouveau il se mettra en colère. Et à nouveau je devrais lui expliquer comment faire pour s'en sortir.
Une fois la solution trouvée, il se calme, et fait ce qu'il voulait. Et moi... Je m'en veux. Je m'en veux de m'être énervée, je m'en veux, je culpabilise, car je sais que cela ne sert à rien. Sauf à le désorienter...
Inutile de m'énerver. Même lorsqu'il me contredit devant d'autres personnes.
Inutile. Car demain, il aura oublié, et pourra me dire :
Ou la situation inverse.
Inutile d'argumenter.
Des exemples comme ceux-là, j'en ai plein.
Les avions ! Nous avions trouvé un club, mais assez loin. J'ai tout organisé pour que nous puissions nous y rendre. Une première fois, aller-retour dans la journée, beaucoup trop fatigant, pour lui comme pour moi : je suis en tension permanente (tout prévoir, tout organiser, tout gérer, tout contrôler) et je dois conduire. Une seconde fois, sur deux jours, avec une nuit passée dans un gîte. Très bon accueil des modélistes locaux. Il était heureux. Une belle journée. Mais le soir, dans la voiture : "C'est trop loin, je ne veux plus y aller". D'accord.
Nous avons trouvé un autre club, bien plus près. Là encore, très bon accueil, avec des modélistes prêts à l'aider. Mais le terrain ne se prêtait pas à sa pratique. Il m'a dit : "C'est fini, les avions, c'est fini".
J'avoue, j'étais soulagée, car ces journées étaient vraiment très difficiles à organiser. Et là encore, il fallait que je prévois tout : trouver le lieu (par définition toujours perdu en pleine campagne) ; les repas ; l'hébergement ; les médocs ; les vêtements ; et même vérifier avec lui que tout le matériel était prêt.
Et donc, les avions, c'est fini. Jusqu'à hier :
Et la saga des lunettes ! Depuis son opération de la cataracte, il avait des lunettes uniquement pour voir de près. Lunettes qu'il retirait et posait n'importe où.
Rendez-vous chez l'ophtalmo, puis chez l'opticien. Il a maintenant des lunettes à verres progressifs, qu'il peut porter en permanence. Et qu'il retire sans arrêt !
Et on revient à la case départ :
Par contre, la question du téléphone portable est réglée définitivement : abandon total. Nous avons acheté un gros téléphone fixe, avec de grosses touches et cinq ou six numéros préenregistrés et clairement identifiés. Une chose est certaine, ce téléphone, on ne le perdra pas. Mais s'il sonne, il panique. J'espère qu'en cas de besoin, il pensera à s'en servir, pour appeler au secours par exemple. Mais je n'en suis pas certaine.
Ce n'est rien. Ce ne sont que des tout petits moments désagréables. Ce n'est rien. C'est juste stressant, fatiguant, car je dois alors me contrôler, ne rien dire de trop brusque. Pour qu'il ne s'énerve pas. Pour ne pas voir la détresse dans ses yeux. Le monde d'Aloys est épuisant !
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