Le monde étrange d'Aloys Alzheimer
La soupe du soir ! Jusqu'ici, je ne m'en occupais pas, ou presque. Je faisais la soupe, et il gérait, c'est à dire qu'il remplissait une assiette, et la mettait au micro-onde. Maintenant, il lui arrive de remplir une assiette, et de la remettre au réfrigérateur. Ensuite, il reprend une assiette, et recommence : remplissage et micro-onde. Autre souci : il ne reste pas assez de soupe. Donc, j'en refais, en lui précisant bien qu'il doit finir la soupe restante, compléter avec la soupe "neuve", et mettre le tout au micro-onde. Jusqu'ici, cela fonctionnait bien. Mais j'ai retrouvé le plat presque vide de la soupe précédente dans le réfrigérateur.
Nouvelle tâche : vérifier la mise en œuvre de la soupe du soir !
La soupe, toujours... Il aime bien dans la journée, se faire une soupe type "Royco". Là encore, il gérait. Mais je viens de retrouver, toujours dans la réfrigérateur, une tasse remplie de soupe.
Je m'installe pour prendre une tasse de café.
Je pense qu'il a entendu cette histoire de "bandes Flaman" dans l'émission de télé qu'il regarde. Et qu'il aurait aimé en parler. Je ne sais vraiment pas de quoi il parle. Il rit, et boude un peu. Je regrette qu'il ne puisse pas s'exprimer sur ces fameuses bandes. Il manque d'interlocuteurs qui partagent sa passion pour la technique, les outils... Mais là, je ne peux pas !
Ce qui est troublant, c'est le décalage entre un constat, et ce qu'il met en œuvre une fois le constat fait. Par exemple : "Oh la la, la poubelle est pleine. On ne peut plus rien mettre. Il faut la vider !". Il referme la porte du placard, et retourne à ses occupations... J'ai envie de crier "Mais va la vider cette poubelle !". Je ne le fais pas, car je sais que cela ne sert à rien. Je sais qu'il ne pense pas "Elle va bien le faire". Il n'y pense pas, tout simplement. Et si je lui demande de vider la poubelle, il le fera : "Mais je la vide où ? Où elle est la grosse poubelle ? Ah zut, j'ai tout mis par terre...". Et la fois prochaine, quand la poubelle sera à nouveau pleine, nous vivrons la même scène. "Mais je la vide où ?......" . Alors, je m'occupe de la poubelle.
Nous allons acheter le pain. Nous marchons tranquillement, doucement, sur le trottoir. Je suis un peu perdue dans mes pensées. Et d'un seul coup, pfft... JM a disparu ! Il n'est plus à côté de moi, nulle part sur le trottoir. Je fais demi-tour, et je le retrouve, dans le jardin d'une maison : il regarde les fleurs ! Tout fier :
C'est vrai que depuis quelques jours, il est intrigué par ces fleurs. Mais le portail fermé l'empêche de s'en approcher. Il se tortille pour les voir à travers la haie, et cela l'agace. Alors, portail ouvert : l'occasion à ne pas laisser passer !
Une réaction m'a étonnée. Il faut changer un robinet dans la salle de bain. Nous en parlons, et il est bien d'accord. Et, à voix basse : "Mais c'est pas moi qui le ferait.". Je pense que c'est la première qu'il dit qu'il ne fera pas, même s'il l'a dit à voix basse.
Une chose qui m'inquiète quand je le laisse seul, ce sont les visites impromptues, le plus souvent des gars qui passent pour des "travaux". Jusqu'ici, il gérait assez bien. Quand on parle avec lui, très vite on s'aperçoit qu'il est perdu. J'ai peur qu'il laisse entrer quelqu'un dans la maison. Pour le moment, il réagit bien. Jusqu'à quand ? J'ai trouvé une parade (j'espère)... Quand je pars, je ferme le portillon à clé. Si besoin, il peut sortir du jardin par le portail...
Faire un choix, même si cela le concerne directement, devient de plus en plus difficile.
Mais... Nous rentrons du marché. Notre bar ambulant n'était pas là, donc pas de café.
Et il a bien raison.
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