Le monde étrange d'Aloys Alzheimer
C'est un jour important : ce matin, visite de la représentante du Conseil Départemental pour le dossier APA. Pas vraiment de raisons, mais je suis stressée.
Me revient en mémoire un lointain souvenir. Celui de la visite mensuelle du "Monsieur des Allocations Familiales", quand j'étais toute jeune. A cette époque, les "allocs" étaient versées en liquide, par un "Monsieur" qui venait chaque mois à la maison. Souvenir de ma mère, qui était ce jour-là sur des charbons ardents. Souvenir du "Monsieur" que je trouvais très grand et un peu gros. Il avait une belle sacoche en cuir qui pour moi était un symbole de sa puissance. D'où il tirait un carnet "magique" où il notait quelques phrases.. Il était très courtois, posait quelques questions, jetait un coup d'œil discret sur la maison et sur nous. Puis il sortait les précieux billets et les remettait à ma mère. Souvenir de ma mère qui signait le reçu d'une main tremblante.
Aujourd'hui, je suis dans la même situation que ma mère ! Un peu inquiète. Ce qui va se jouer n'aura pas d'impact immédiat, mais peut avoir des répercussions pour l'avenir.
La personne qui se présente ne ressemble pas au "Monsieur des allocs". C'est un femme assez grande, mince et souriante. A la place de la "luxueuse" sacoche, elle a un ordinateur. Elle pose quelques questions. Je remarque que lorsque ses questions s'adressent à JM, elle le regarde, lui. C'est un bon point pour elle. Tant de personnes s'adressent à moi, alors qu'elles questionnent sur son ressenti à lui...
Je comprends que l'APA est totalement liée à une question financière immédiate. Alors que ce j'attends, c'est une décision pour le "classement" dans la grille GIR, pour envisager la suite.
J'avais déjà exploré la grille GIR, et cela m'avait fait bondir. Cette grille ne prend pas en compte le fait que "Oui, il peut manger seul", à condition que l'assiette pleine arrive sur la table. Toutes les étapes précédentes = non. "Oui, il peut sortir dans le jardin". Mais au-delà, il ne va nulle part seul. "Oui, il s'habille seul". La encore, si tout est à portée de main. Et non, si je ne m'occupe pas du lavage, du rangement des vêtements. Et non, en cas de danger, personne ne peut dire comment il réagirait. Ménage, cuisine, administratif : tout cela est dans le brouillard pour lui. Mais ce n'est pas dans la grille. Pour le moment, aucune aide extérieure. Je gère....
Au fil de la conversation, je comprends qu'elle cherche une solution pour nous attribuer l'APA, aussi minime soit-elle. Finalement, nous trouvons un terrain d'entente sur le financement d'une aide au titre du "répit des aidants". Nous sommes (JM et moi) en contact avec une structure spécialisée pour qu'il puisse y passer au moins une après-midi par semaine. L'objectif n'est pas vraiment de m'offrir un répit. C'est surtout pour lui, pour qu'il rencontre d'autres personnes, pour qu'il voit autre chose que "moi et la maison".... Le hic, c'est qu'il n'existe qu'une seule structure de ce type dans le département, et qu'il y a un "bouchon" à l'entrée = délai d'attente.
Au final, JM est classé en GIR 4. Elle va prendre contact avec la directrice de la structure. Donc à suivre. Je vais recevoir assez rapidement la réponse officielle courant juillet.
Une étape passée. La prochaine sera de visiter les Ehpad, pour déposer un dossier. Pas pour tout de suite. Non, juste au cas où, et surtout s'il fallait trouver un hébergement en urgence. Et ça... ça...
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