Le monde étrange d'Aloys Alzheimer
Les rôles sont bien définis : je suis l'aidante, il est l'aidé. Je suis là pour tout ! Pour le soutenir, pour organiser la vie courante, pour entretenir les rituels, pour l'accompagner dans les démarches de santé, pour éloigner de lui tout ce qu'il ne supporte pas, pour garder une vie la plus normale possible.
Et un jour, tout bascule. Mon corps me lâche. Les rôles s'inversent. Je deviens l'aidée et il devient l'aidant. Il fait ce qu'il peut, par chance j'ai encore la tête qui fonctionne et je peux le guider. Il fait ce qu'il peut, avec inquiétude, avec des maladresses, tout doucement, mais avec beaucoup d'amour.
Quand on me dit - "lâchez prise" - non, je ne peux pas. Ce n'est pas un souci dont j'ai envie de me débarrasser. Je dois à la fois préserver ma santé, et préserver sa qualité de vie. Une équation qui aujourd'hui me paraît difficile à résoudre.
Ce qui m'attriste le plus, c'est de voir son inquiétude, c'est de ressentir son désarroi, devant une situation non prévue. Une situation qui met en péril tout ce que nous avons construit depuis plusieurs années.
Pour le moment, je n'ai pas de vraies inquiétudes quant à l'évolution de ma santé - il reste des examens à passer - même si je me sens totalement démunie. Je sais déjà que ce n'est pas un AVC, et que je n'ai pas de tumeur au cerveau. Ce qui est un grand pas !
Et je suis bien accompagnée par mes proches.
Je connais donc ce que toute aidante redoute : ne plus pouvoir le protéger. Etre là, tout simplement, en étant efficace. Je suis présente, mais mon efficacité en a pris un grand coup.
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